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Je passai les premières semaines avec des visions qui me torturaient sans cesse. J’avais toujours devant les yeux, cet être animé de luxure, me demandant la bouche, la langue et me donnant à boire son dernier foutre et soupirant son dernier souffle. Quel affreux spectacle !…

Informée de la vie ignoble que je menais, et de celle plus ignoble encore de ma sœur, notre mère nous quitta pour aller vivre avec une de ses parentes.

Je restai toute seule. Mes ressources diminuaient ; mes Banknotes devenaient tous les jours de plus en plus rares ; je voyais le triste moment où il faudrait avoir recours aux bijoux, et après !… La réalité était là, toute nue, je ne pouvais l’ignorer, ni l’éviter ; il me fallait la vaincre et comment !…

J’étais jeune, jolie, bien faite avec des formes provoquantes, et de plus le repos forcé et peut-être aussi le foutre chaud que je buvais journellement, m’avaient rendu le teint plus éblouissant, j’avais des yeux lascifs, le regard polisson et les lèvres sensuelles. Ces lèvres de feu, cette bouche, cette langue, qui laissaient deviner ce qu’elles avaient fait, ce qu’elles savaient faire, et ce qu’elles feraient encore !

C’était suffisant, il me semble, pour accrocher un entreteneur. Mais non !… personne ne voulait de moi.