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maintenant que je ne suis pas encore aussi salope que toi, n’étant pas arrivée à ce degré de saleté. Y arriverais-je jamais ?… J’en doute !… Continue ton histoire, je t’en prie, elle m’intéresse et me sert de leçon.

— Comme je crois te l’avoir bien expliqué, mes nuits étaient heureuses ; je les passais dans les bras de mon fouteur chéri, de plus en plus amoureux de mes charmes, de mon corps ; mais les journées étaient longues, bien longues, je m’ennuyais. Mon tempérament n’avait pas besoin de ce grand repos. Les matinées me suffisaient pour réparer les forces que nos nuits agitées affaiblissaient. Je ne savais donc que faire. Je sortais quelquefois ; j’allais voir ma sœur qui s’était établie tout à fait comme Putain, recevant à toute heure.

Un jour j’arrivai juste au moment du déjeûner. Il y avait deux convives. — Quelle heureuse inspiration tu as eue, sœur, de venir aujourd’hui ; tu ne pouvais mieux tomber. Milord, que voilà, qui te connaît depuis longtemps, m’avait déjà manifesté le désir d’aller te surprendre chez toi, en venant ici, tu as comblé ses vœux. Tâchez de vous entendre, je ne serai point jalouse !

Cette phrase me disait assez que ce cher milord, avait des vues sur moi. Je réfléchis de suite qu’un entreteneur ne ferait pas mal dans le ménage. Dans la journée je serai