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tion de fermer les fenêtres pendant mes exhibitions lubriques, un jeune homme, demeurant en face, m’ayant surprise plus d’une fois dans mes exercices voluptueux, vint un beau matin frapper à ma porte. J’étais assise devant mon miroir en train d’exercer mon doigt comme d’habitude. J’avais déjà éprouvé deux fois les effets de la décharge, je sentais venir la troisième, lorsqu’on frappa. Tout émotionnée, engourdie, ne pensant à rien, je jetai un peignoir sur ma chair, et tout bêtement j’allai ouvrir.

C’était le jeune homme d’en face. Il entra, ferma la porte et me saisit avec un emportement fébrile, couvrit mon front, mes joues, mes lèvres de baisers éperdus.

J’étais si abasourdie de cette audace, que je me laissai faire sans opposer la moindre résistance. Puis sa bouche, étant collée sur la mienne, m’empêchait de parler.

Lui, sûr et fier de son succès, me poussa contre le lit, m’y renversant, appuyant son corps sur le mien, il me déclara, dans des termes brûlants, qu’il m’aimait à l’adoration depuis longtemps, que mon indifférence l’avait rendu fou, que je devais pardonner sa témérité, dont le premier coupable avait été ma glace indiscrète qui lui avait révélé mon tempérament, mes désirs, mon penchant pour les plaisirs de l’amour.