Page:Le Sérail royal ou les voluptés secrètes d’un débauché - La Belle Letty, 1892.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174

douze ans !… Avant-hier, quand tu es venu, c’était le dernier jour de mes premières règles. Il y a à peine un an que j’ai été violée par un sale individu qui voulait à toute force me faire un enfant. Pendant six mois, il s’est vautré sur moi comme une bête fauve, et quand il a eu la certitude que je n’étais pas enceinte, il m’a abandonnée dans un état de dépérissement inquiétant. C’est grâce au bon cœur de la patronne que je vis encore. Elle m’a prise, m’a soignée comme sa fille, avec des attentions, des égards de mère affectueuse.

Hier, après ton départ, elle est montée s’informer comment j’étais. Elle m’a trouvée bien fatiguée, mais à mon œil vif, mon air content, elle m’a dit : Tu as bien joui, n’est-ce pas ? — Oui, mère, beaucoup, jamais comme ça !… — Est-ce qu’il reviendra te voir ? — Oui, mère, il me l’a promis, j’y compte… je l’attends demain !… Quel enthousiasme tu as, ma fille, pour cet inconnu !… C’est donc bien bon ce qu’il t’a fait ?… — J’ai été heureuse, ma mère, plus que je ne puis l’exprimer !… Allons, mon enfant ne te laisse pas emballer, sois raisonnable. Le plaisir tue plus vite que les peines. — Je préfère mourir de plaisir que vivre accablée de tristesse, de douleur !…

Devant cette résolution, elle me laissa, me recommandant de bien me reposer. J’ai suivi