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que je vois, que je touche, je dirais même que j’aime, car, vraiment, j’ai de l’affection pour toi. Tu m’as inspiré un sentiment qui est tout nouveau pour moi, que ni ta sale position, ni l’ignoble endroit que tu habites n’ont point diminué.

— C’est donc bien vrai, mon bien-aimé, que tu n’as encore eu aucune femme, que tu as ton pucelage, ta virginité que tu veux me donner ?… Mais tu me rends folle de bonheur !… Tu ne me fais pas regretter ma position, car si je n’avais pas été putain je ne t’aurais point connu. Que tu vas me faire aimer ce titre, ce nom que j’entendais avec horreur !… Tu me le donneras toujours ? tu m’appelleras continuellement ta petite putain chérie. Dis, que je le suis, dis !…

— Oui, tu es ma belle petite putain chérie, la jolie putain de mon vit qui t’aime.

— Si ton vit m’aime, moi je l’adore, je l’idolâtre, je veux en faire mon roi, mon trésor, mon bijou, mon idole !…

Quelle était belle en ce moment !… Elle respirait toutes les voluptés de l’amour, de la passion !… Je voyais dans tout son être un enthousiasme, une joie qui la transformaient !… Elle avait trouvé une caresse qu’elle n’avait jamais faite avec un autre, qu’elle voulait me donner avec tout son cœur, toute son âme, ses sens, ses lèvres frémissantes.