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plaisances sont tarifées. Elle paraissait même heureuse de recevoir mes baisers, que je lui prodiguais avec plaisir.

Elle s’était suspendue à mon cou, ses petits bras me serraient, les miens l’avaient enlacé. Je sentais le tremblement de son corps, les battements de son cœur : ses yeux exprimaient le bonheur que je partageais bien sincèrement. Elle m’avoua que ce qu’elle éprouvait pour moi était nouveau pour elle. Que jamais les caresses d’un homme ne l’avaient remuée comme les miennes.

Je lui demandais pourquoi, dans la grande salle, ces femmes se tenaient presque nues.

— Pour le plaisir des hommes, me répondit-elle. Tu n’ignores pas que cette maison est un bordel, et que les femmes doivent être le moins habillées possible pour plaire aux hommes.

— Est-ce que les femmes d’un bordel, ne sont pas des putains ?… — Elle me fit un signe affirmatif. Alors toi, tu fais la putain ?…

Elle me fixa… puis se couvrant le visage et laissant échapper quelques sanglots, elle articula :

— Oui… pour ne pas mourir de faim. Craignant de l’avoir blessée, je lui demandai pardon de m’être si mal exprimé, et je l’embrassai pour diminuer le mauvais effet que mon interpellation avait pu lui produire.