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que ma bonne ne me quittait que quand je feignais de m’endormir ; elle éteignait la bougie, fermait la porte et partait. Alors commençaient les polissonneries de l’innocence. Je rallumais la lampe, et en chemise, je me plantais devant ma psyché, le réflecteur de mes désirs, et la penchais en avant pour que rien n’échappât à mes regards. Mes petits pieds, ma fine cheville et mes jambes jusqu’aux cuisses étaient l’objet d’une minutieuse inspection, que je faisais avec un ravissement et une béatitude infinis. Puis, mes yeux, avides de contempler d’autres beautés plus séduisantes encore, se relevaient, montaient plus haut, pour s’arrêter sur les tétons qui, à travers la fine batiste, pointaient leurs boutons raides, repoussant le léger tissu qui les couvrait, pour paraître plus excitants, plus provoquants. Je les prenais, je les pressais, je m’animais, jusqu’au moment où, n’y tenant plus, je laissais glisser le dernier voile… Que j’étais heureuse de me trouver si belle !… Je me parlais, je me disais les choses les plus aimables ; je m’envoyais des baisers. J’étais amoureuse de mon corps, de ma nudité. J’aurais voulu pouvoir me prendre m’enlacer, m’étreindre.

Comme l’imagination s’enflamme vite !…

Et cependant, toute novice que j’étais, les choses indécentes me procuraient déjà des