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toujours intéressant, & quelquefois sublime, des mœurs & de l’esprit des nations dans les différens siècles. Il a bien mérité de l’humanité, lorsqu’il a peint avec énergie les horreurs de la persécution, & tous les maux que la superstition a faits aux hommes. M. de Voltaire a droit à la reconnoissance de tous ses lecteurs. Combien de fois, en le lisant & en m’associant à ses idées, ne me suis-je pas senti son ami jusqu’à l’entousiasme ! Ses succès ne lui ont pas fait plus de plaisir qu’à moi, & j’ai été indigné de l’envie qui souvent a voulu les ternir. Il est dur, après avoir aimé, d’être obligé de revenir sur ses pas. Ce n’est qu’avec une angoisse extrême qu’on se voit forcé de mésestimer ce qu’on a long-tems chéri. Outre la méprise de jugement, de laquelle l’amour propre est toujours blessé, il y a tant de douceur attachée au sentiment pur de l’estime, sur-tout quand il est fortifié par l’habitude, qu’il est impossible d’y renoncer sans en soufrir.

C’est donc avec un très-grand déplaisir que j’ai apperçu depuis quelque tems,