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Ô ! l’heureux homme qu’eût été M. de Voltaire, si la nature, en le douant du génie, lui eût donné une ame susceptible, je ne dis pas d’une vertu rare, mais seulement d’une probité commune : s’il eût pu apprendre de M. Helvetius, avec lequel il vécut autrefois, à chérir & respecter le mérite dans autrui, à ne regarder la rivalité que comme un encouragement à mieux faire ; s’il eût pu, comme lui, n’éprouver que des sentimens doux, ou du moins ne haïr que les méchans. Hélas ! il ne les haïssoit pas même tous. M. de Voltaire étoit l’objet de son indulgence. En faveur de ses grands talens, il s’efforçoit de pardonner à la jalousie effrénée qui le tourmente & l’avilit. Il le plaignoit sincèrement de passer dans les égaremens & les fureurs de cette malheureuse passion des jours qu’il auroit pû voir couler en paix dans le sein de la gloire. Il cherchoit à arrêter les progrès du mépris qu’il voyoit de jour en jour se répandre sur cet homme célèbre qu’il avoit aimé. Son ame sensible éprouvoit