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que jamais montagne n’avoit été formée par la mer. Les doutes de M. de Voltaire sur le passage d’Annibal à travers les Alpes l’ont décidé à faire une expérience pour le moins aussi concluante. Il a fait bouillir dans du vinaigre un petit morceau de rocher des Alpes mêmes ; après l’ébullition, le rocher est devenu friable entre ses doigts, & dès-lors il n’a plus douté qu’Annibal n’eut ouvert dans les Alpes un passage à son armée avec du vinaigre. C’est ainsi que cet homme si sublime, dans quelques-unes de ses productions, si raisonnable, si ingénieux dans d’autres, se dégrade jusqu’au ridicule, lorsqu’une jalousie indigne de ses talens lui fait faire des excursions sur le terrein d’autrui. Il devient au niveau des Fréron, des Nonotte, des Patouillet, qu’il a si justement, mais trop souvent vilipendés.

L’acharnement de M. de Voltaire contre la réputation & les ouvrages de M. de Buffon, est encore beaucoup moindre que celui avec lequel il cherche à déchirer le Président de Montesquieu. Jamais il ne