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— VI —

L’auteur de cette œuvre en est la preuve vivante : il trouva jadis son chemin de Damas en entendant dire avec âme le Chant des Ouvriers.

Nos pères, en 1792, en 1880 et en 1848, avaient compris toute la force de propagande que l’on peut tirer de la poésie révolutionnaire.

Est-ce que la Marseillaise n’a pas battu les rois coalisés, les chansons de Béranger jeté bas la Restauration, les chants de Pierre Dupont et les fables de Lachambeaudie fixé dans les masses, et d’une manière indestructible, l’idée communiste ?

Quel prolétaire peut répéter sans tressaillir ces vers qui lui font comprendre toute l’horreur de son sort ?

Peuple, c’est le travail qu’il faut organiser.
Tant que tu traîneras de rivage en rivage
Le boulet du mépris et de la pauvreté,
 Ne parle pas de liberté :
 La pauvreté, c’est l’esclavage !

Et ceux plus modernes de notre coreligionnaire Souëtre, blessé, sous la Commune, d’un coup de feu à la gorge au fort d’Issy :

Mais-si la faim à face blême,
Devant les repus se dressant,
Leur pose en armes son problème
Sur nos pavés rougis de sang,
Je sais bien que pour le résoudre,
L’éloquence ne suffit pas :
C’est en faisant parler la poudre
Qu’on fait taire les avocats !

Ces quelques vers de la Marianne, laquelle est en train de faire son petit tour d’Europe, n’en disent-ils pas autant sur la question sociale, et la nécessité d’employer les moyens énergiques pour la résoudre, que maint long article ou brillante harangue ?

Toutes les armes sont donc bonnes pour combattre les ennemis du prolétariat, depuis le chant de révolte jusqu’à la cartouche.

Et si la poudre ne suffit pas, la dynamite !

A. Le R.