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maisons, fabriques, banques, chemins de fer, navires, etc., appartiennent à tous et à personne.

Il faut qu’à l’avenir ces propriétés, ces valeurs, ne soient plus partagées entre quelques-uns, mais que leur produit serve au bien-être de la collectivité entière.

Il n’y a de partageux que les scélérats : prêtres, capitalistes et rois.

Est-ce que les gouvernements — un mot à effacer dans le vocabulaire futur — n’exterminent pas les peuples et ensuite ne partagent pas entre eux le butin ensanglanté ?

Est-ce que la Pologne et l’Égypte, l’Inde et la Chine n’en sont pas la démonstration ?

Comme le corbeau qui suit les armées, prêt à se repaître de cadavres, le spéculateur occidental s’est abattu sur ces dernières contrées.

L’Inde et la Chine furent le berceau du monde : que les chevaliers du meurtre et de l’usure prennent garde : elles pourraient devenir leur sépulcre.


XI

Quelle est, en résumé, la condition des producteurs, sur quelque point du globe qu’on porte les yeux, en face de l’opulence et de la tyrannie des pasteurs d’hommes ?

Dans la mansarde et la chaumière, l’indigence et le fétichisme ; au champ et à l’usine, faible salaire et long labeur ; la plupart des êtres humains pliant sous la charge des impôts, humiliés sous les avanies des créanciers, des buveurs d’or et de sang : un présent désastreux, un avenir plus sinistre encore.

Allons, éternels vaincus, préparons-nous, par la Solidarité, à la dernière bataille, celle qui doit nous affranchir du salariat et de l’oppression séculaire !

Détruisons le cloaque où nous enferment la propriété individuelle, la religion et le militarisme.

Aérons-le à coups de canon, si nous ne voulons y mourir étouffés, anémiques.

Il nous faut de l’air et de la poudre !

Comme l’a dit Vallès, « dans la bataille sans éclairs qui se livre entre les murs d’usine calcinés