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plein Reichstag contre le démembrement de la France et l’égorgement de la Commune ?

Qui ne sait que pour cet acte de solidarité humaine, les hobereaux tudesques, qui ne le cèdent en rien aux pépitards français, étouffèrent la voix de ces vaillants dans le silence d’une forteresse ?

Si la République existe en France — République patronale, mais préambule de la République ouvrière lorsque nous serons vainqueurs — on le doit au martyre des 35, 000 soldats de la Commune : qu’on nous cite un seul député de l’Assemblée de malheur ayant eu la conscience de protester contre cette infamie sans exemple dans l’histoire des nations !

Le patriotisme et le parlementarisme ne sont que des leurres, car sauf quelques mandataires fidèles qui abandonnèrent la tourbe de royalistes siégeant à Bordeaux, ceux qui furent proscrits pour la cause communaliste ne trouvèrent de défenseurs que dans les Assemblées étrangères.

Conclusion : un étranger qui fait son devoir vaut-il un Français qui ne fait pas le sien ? La réponse n’est pas douteuse.

Donc, il faut serrer la main à un communiste allemand et mépriser un bourgeois français.

Il faut couronner le tout par le rétablissement de l’Internationale et la grève des conscrits pour effacer les frontière.

Nations, mot pompeux pour dire barbarie.
L’amour s’arrête-t-il où s’arrête vos pas ?
Déchirez vos drapeaux ! Une autre voix vous crie :
L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie,
La Fraternité n’en a pas[1] !


X

— Les socialistes sont des partageux, disent encore nos ennemis et les ignorants. Ils veulent parta-

  1. Lamartine, — Marseillaise de la paix. — Mais pourquoi diable l’auteur de ce beau chant, hissé un moment sur le pavois populaire, ne fit-il en 48 déchirer que le drapeau rouge, le seul, avec le drapeau noir, tant que le règne de la Justice ne sera pas instauré, qui puisse avoir sa raison d’être ? Pourquoi n’en fit-il pas de même du drapeau tricolore, qu’il glorifia, au contraire, dans une apostrophe emphatique ? Ah ! c’est que comme son confrère Hugo, il était au fond bourgeois, et que l’on n’oublie pas facilement ses intérêts de classe ! Ce dernier même, sur le nez de qui certains panégyristes cassent l’encensoir, distança Lamartine : aux journées de Juin, il conduisit un bataillon de l’ordre contre les malheureux insurgés ! Dans cette voie, l’on pourrait aller loin : n’avons-nous pas vu l’ami de ce poète surfait, Le transfuge Louis Blanc, voter en 1871 des remerciements aux assassins de ses électeurs ?…