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Les prêtres ne sont-ils pas le plus ferme appui des grands ?

Ils prêchent aux pauvres, aux déshérités, un monde meilleur où ils jouiront de toutes les félicités, afin qu’eux-mêmes et leurs complices, rois, juges, capitaines, possesseurs, puissent disposer de cette terre, le seul monde — et en cela ils n’ont pas tort — auquel ils croient.

Devant des ouvriers réclamant une répartition plus équitable des charges sociales et du capital humain, il ne suffit plus de jouer la comédie libérale, qui consiste à s’indigner contre le droit du seigneur ou l’inconduite de quelque curé.

On remarque que beaucoup, parmi ceux qui crient le plus fort contre les jésuites, n’ont d’autre but que de détourner l’attention du peuple pour pouvoir plus facilement lui mettre la main dans la poche, au nom de la liberté économique.

Ce ne sont pas les dérivatifs guerriers, que va chercher jusqu’en Chine une oligarchie mourante, qui empêcheront la lumière de resplendir.

Pas davantage sa police[1] ni son cabinet noir, ce dernier fonctionnant toujours, de l’aveu même fait en pleine séance du Palais-Bourbon par son ex-directeur, le ministre des postes Cochery.

Est-il un espionnage plus odieux ? Du moins on se défie de la police ; mais on se fie à la poste, et elle nous trahit : le commis de barrière ne fouille que dans notre poche, celui de la poste fouille dans notre pensée.

Grâce à ces procédés d’un autre âge, que de citoyens étrangers jetés à la frontière et de compagnons français pourrissant dans les geôles !

Les rhétoriciens discrédités de la classe bourgeoise aux abois, qu’ils se nomment positivistes, coopérateurs, mutuellistes ou autres colinsiens — tous les ignares ou vendus qui combattent avec

  1. Dans une brochure publiée en 1879, pour laquelle, soit dit en passant, nous fûmes jeté en prison et ruiné, voici ce que nous disions de cette gracieuse caverne :

    « La préfecture de police, dont les procédés jésuitiques et tortionnaires rappellent en plein xixe siècle ceux de l’ancienne Inquisition, est merveilleusement organisée pour ce but : calomnier impunément les citoyens qui se dévouent au triomphe de la cause sociale, tout en couvrant de son égide Les quelques misérables assez vils pour trahir leurs frères, (Réformes sociales urgentes et Chant des Prolétaires, p. 29.)