Page:Le Roy - La Revanche du prolétariat, 1885.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 21 —

feu secret à l’aspect d’un objet charmant… La nature a parlé, cet objet est à toi : jouis (!) Tes caresses sont innocentes, tes baisers sont purs. L’amour est le seul titre de la jouissance, comme la faim l’est de la propriété[1].

« Arrêtons-nous ici, » car je vois le bourgeois pudibond — ce pilier de morale — se voiler la face.

Les anarchistes, pourchassés, sous ce régime libéral, comme des bêtes fauves, ont-ils jamais rien écrit de plus concluant ?


VI

Bourgeois, hume encore ce petit passage, écrit par un citoyen sorti de ta classe[2], mais qui sent quelque chose battre sous sa mamelle gauche :

Le mariage, soit qu’il viole les lois de la sélection naturelle, soit qu’il ait l’intérêt pour mobile principal, n’est en réalité qu’une forme de la prostitution, et non la moins hideuse : la prostitution sanctifiée par l’Église et patentée par l’État.
.............................

Aussi ne disparaîtra-t-elle que lorsque l’amour libre aura remplacé le mariage et que la Révolution aura assuré à chacun et à chacune, par la rémunération équitable du travail, un droit égal à la vie et au bien-être............................ .............................

Tant que les hommes seront courbés sous le joug du Capital, il y a peu de chances pour un meilleur avenir.

La trinité moderne : Propriété, Religion, Famille, doit être renversée de son piédestal, afin que la reconstitution sociale s’accomplisse[3].

La religion ? Bonne plaisanterie !

Les dirigeants font semblant de la combattre ; mais comme ils sont heureux de voir ses racines plonger dans le terreau officiel, jetant son ombre sur la France !

  1. Brissot : Recherches philosophiques sur le droit de propriété et sur le vol, p.24. — Reproduit dans l’Histoire du Socialisme.
  2. Nous ne pouvons oublier que des bourgeois ont donné et donnent encore pour le peuple leur liberté, leur fortune et parfois leur vie.

    « C’est là, dira-t-on, des exemples peu communs et qui n’infirment en rien la règle. »

    D’accord ; mais que penser des traîne-misère de l’ordre actuel qui, comme autrefois les esclaves d’Amérique, combattent pour leurs oppresseurs ?

  3. Frédéric Stackelberg. — La Femme et la Révolution, p.17, 18 et 30. — Cette brochure remarquable, traduite en allemand, fait justice des préjugés familiaux, si difficiles à déraciner et qui sont un réel obstacle à la diffusion des principes rénovateurs, Par suite de ces préjugés, que de propagandistes dont les luttes sont plus dures dans leur intérieur qu’au dehors ! Pour persister dans ces conditions, ne faut-il pas être dix fois convaincu ? Cette œuvre ouvre donc des horizons nouveaux, et toute personne qui aime la lumière doit avoir à cœur de la lire.