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LA CHANSON DU PAUVRE


VILLAGE ENDORMI


Mon âme est une plaine en l’Infini couchée ;
Au milieu, le village avec ses chaumes blonds
Sous des vergers en fleurs. Ce sont les cent maisons
Qu’habitent les espoirs et les douces pensées.

Mais le soir est tombé. Les ombres s’amoncellent
Et l’astre de la mort, la lune froide et belle,
Dans la plaine d’abord, ensuite au firmament,
Epand sur le village une clarté d’argent.

Les espoirs, las d’errer, les rêves inutiles,
Sans mémoire et sans bruit, vivent leurs derniers jours,
Et, seule dans la nuit, survivance stérile,
Brille à chaque fenêtre une lueur d’amour.