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guère à l’aimer. Mais quand je l’aurais aimé dès ce moment-là, quand j’aurais été à lui dès lors, veux-tu me dire quels comptes j’avais à te rendre, à toi, qui m’appelais l’ennui personnifié, la rêveuse, la bête, la religieuse, que sais-je ? Tu m’avais blessée et offensée, et je te l’avais dit aussi : « Nous ne nous aimons plus, nous ne nous sommes pas aimés. »

Que s’était-il passé entre ces trois personnages, le malade, la garde et le médecin ? À distance, quand Alfred de Musset, avec une perverse curiosité d’amour, veut connaître, jour par jour, heure par heure, l’historique de cette liaison superposée à la sienne, elle lui dénie le droit de la questionner : « Je m’avilirais on me laissant confesser comme une femme qui t’aurait trompé. Admets tout ce que tu voudras pour nous tourmenter, je n’ai à te répondre que ceci : Ce n’est pas du premier jour que j’ai aimé Pierre, et même après ton départ, après t’avoir dit que je l’aimais peut-être, que c’était mon secret et que n’étant plus à toi je pouvais être à lui sans te rendre compte de rien, il s’est trouvé dans sa vie à lui, dans ses liens mal rompus avec ses anciennes maîtresses, des situations ridicules et désagréables qui m’ont fait hésiter à me regarder comme engagée par des précédents quelconques. Donc, il y a eu de ma part une sincérité dont j’appelle à toi-même et dont tes lettres font foi pour ma conscience. Je ne t’ai pas permis à Venise de me demander le moindre détail, si nous nous étions embrassés tel jour sur l’œil ou sur le front, et je te défends d’entrer dans une phase de ma vie où j’avais le droit de reprendre les voiles de la pudeur vis-à-vis de toi. »

Que faut-il entendre par « des précédents quelcon-