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GEORGE SAND ET SES AMIS 3

cratique, n’est-elle pas indifférente et veut elle nous intéresser à tous les souvenirs généalogiques de sa famille. Elle s’étend longuement sur le maréchal de Saxe et sur cette noblesse de race qu’elle ramènera théoriquement à sa juste valeur dans le Piccinino. Sa grand’mère. Aurore Dupin de Francueil, avait vu Jean-Jacques une seule fois, mais en des conditions qu’elle n’eut garde d’oublier. Voici comment elle relatait l’anecdote dans les papiers dont George Sand hérita : « Il vivait déjà sauvage et retiré, atteint de cette misanthropie qui fut trop cruellement raillée par ses amis paresseux ou frivoles. Depuis mon mariage, je ne cessais de tourmenter M. de Francueil pour qu’il me le fit voir ; et ce n’était pas bien aisé. Il y alla plusieurs fois sans pouvoir être reçu. Enfin, un jour, il le trouva jetant du pain sur sa fenêtre à des moineaux. Sa tristesse était si grande qu’il lui dit en les voyant s’envoler : « Les voilà repus. Savez-vous ce qu’ils vont faire ? Ils s’en vont au plus haut des toits pour dire du mal de moi et que mon pain ne vaut rien. » En digne aïeule de George Sand, madame Dupin de Francueil avait le culte de Jean-Jacques. Lorsqu’il accepta de dîner chez elle, sans doute pour faire honneur à son hôte elle lut tout d’une haleine la Nouvelle Héloïse. Aux dernières pages elle sanglotait, et ce jour-là., du matin jusqu’au soir, elle ne fit que pleurer. « J’en étais malade, dit-elle, j’en étais laide. » Rousseau arrive sur ces entrefaites, et M. de Francueil se garde de la prévenir. « Je ne finissais pas de m’accommoder, ne me doutant point qu’il était là, l’ours sublime, dans mon salon. Il y était entré d’un air demi-niais, demi-bourru, et s’était assis dans un coin, sans