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étaient placées debout, le tranchant en l’air, dans une couche de cendre et d’ossements incinérés, ainsi qu’un collier formé de grains de callaïs, exposés au musée de la Société Polymathique à Vannes, sous les nos 779 à 815 du catalogue[1].

3o Dans le dolmen de Mané-en-Hroëck, commune de Locmariaquer, en 1863, 105 haches dont 11 en pyroxénite, ces dernières toutes cassées ; 101 de ces haches étaient cachées sous le dallage de la chambre. Une superbe hache en chloromélanite, était placée dans le centre de la crypte, le talon posé sur un disque en serpentine, 2 pendeloques en callaïs étaient placées près du tranchant. Exposées au musée de la Société Polymathique à Vannes, sous les nos 650 à 768 du catalogue[2].

Ces trois derniers dépôts, découverts avec des ossements, étaient placés dans des tombes et sont indéniablement des dépôts funéraires. Nous pouvons donc affirmer que ce sont des dépôts intentionnels, par conséquent rituels.

Quelle était exactement leur signification ? Nous ne le saurons, sans doute jamais. Il est à remarquer que la plupart de ces belles haches ne pouvaient servir, ni comme arme, ni comme outil, et ne devaient être que des haches votives.

Beaucoup de ces haches trouvées isolément proviennent sans doute de monuments détruits, mais les autres ont été manifestement déposées dans le sol avec intention et sont à mon avis, des dépôts rituels, sorte d’offrandes faites à la Déesse mère, nourricière, la Terre et pouvaient représenter les rayons solaires, fécondant la terre.

Les rayons des roues solaires que j’ai découverts sur les supports du dolmen à galerie du Petit-Mont, dans la commune d’Arzon en 1905, ressemblent beaucoup à des haches placées, les talons au centre, les tranchants formant le cercle, exactement comme les 8 haches polies dont une à bouton, découvertes en cercle à la Chapelle-Basse-Mer, dans la Loire-Inférieure en 1863[3].

Est-ce que les dépôts de haches à douilles, en cuivre, en bronze, en étain et même en plomb, n’auraient-elles pas eu la même signification rituelle ?

C’est à mon avis plus que probable, et il est possible que dans le haut du Morbihan et dans les régions limitrophes, riches en métal ou envahis par des gens à métaux, les habitants faisaient des offrandes de haches en métal à la même Déesse nourricière La Terre, au même moment où les habitants de la région sacrée de Carnac-Locmariaquer lui offraient des haches en pierre polie.

  1. Bulletin de la Sociale du Morbihan, 1862. p. 7.
  2. Bulletin de la Société Polymatltique, 1863, p. 18.
  3. Bulletin de la Société archéologique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 1922.