difficile à M. de Frilair, vis-à-vis de son patron, articulait tous les sujets de plaintes graves, et descendait jusqu’aux petites tracasseries sales qui, après avoir été endurées avec résignation pendant six ans, forçaient l’abbé Pirard à quitter le diocèse.
On lui volait son bois dans son bûcher, on empoisonnait son chien, etc., etc.
Cette lettre finie, il fit réveiller Julien, qui à huit heures du soir dormait déjà, ainsi que tous les séminaristes.
— Vous savez où est l’évêché ? lui dit-il en beau style latin, portez cette lettre à Monseigneur. Je ne vous dissimulerai point que je vous envoie au milieu des loups. Soyez tout yeux et tout oreilles. Point de mensonge dans vos réponses ; mais songez que qui vous interroge, éprouverait peut-être une joie véritable à pouvoir vous nuire. Je suis bien aise, mon enfant, de vous donner cette expérience avant de vous quitter, car je ne vous le cache point, la lettre que vous portez est ma démission.
Julien resta immobile, il aimait l’abbé Pirard. La prudence avait beau lui dire :
— Après le départ de cet honnête homme, le parti du Sacré-Cœur va me dégrader et peut-être me chasser.
Il ne pouvait penser à lui. Ce qui l’embarrassait, c’était une phrase qu’il voulait arranger d’une manière polie, et réellement il ne s’en trouvait pas l’esprit.
— Eh bien ! mon ami, ne partez-vous pas ?
— C’est qu’on dit, monsieur, dit timidement Julien, que pendant votre longue administration, vous n’avez rien mis de côté. J’ai six cents francs.
Les larmes l’empêchèrent de continuer.
— Cela aussi sera marqué, dit froidement l’ex-directeur du séminaire. Allez à l’évêché, il se fait tard.
Le hasard voulut que ce soir-là M. l’abbé de Frilair fût de service dans le salon de l’évêché, Monseigneur dînait à la préfecture. Ce fut donc à M. de Frilair lui-même que Julien remit la lettre, mais il ne le connaissait pas.
Julien vit avec étonnement cet abbé ouvrir hardiment la