Page:Le Roman du Renart, supplément, 1835.djvu/418

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

20A Regnart dit en tel manière :
Sire Regnart, Dieu vous béneie ;
Mout vous doit plère vostre vie,
Qui tant aveis en corps beauté,
Sens et richece et loyauté,
Et tant avez fait et ouvré
Que tel los avez recouvré
Que je otri bien que l’en me tonde
Se il a point vostre per ou monde ;
Vous n’avez orgueil ne desroy :
30Grant damage est que n’estez roy.
Ne vous desplese pas, chier sire,
Se je en di ceu que j’en desire :
Ne vous vi-ge en vostre enfance ?
Si vous aim pour la cognoissance
Et pour ce que d’un païs sonmes ;
Nos pères furent prudeshomes,
Mout s’entr’aimèrent en leur vie :
Resemblon-leur, je vous em prie.
Jà n’avez-vous rien d’aage,
40Et si par estes si très sage
Que je le tieng à grant merveille.
Je sui celui qui s’apareille
Et se soumet en toute guise
Tout son cuer en vostre service ;
Et vous dirai quel achoison
M’a fet partir de ma meson ;
Il n’estoit rien que je féisse