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Que Renars s’ert alés pourquerre ;
Un jour s’estoit levés bien main,
20Dou bos iert venus à un plain :
De gaaignier moult s’aparelle
Renars, et si n’iert pas mervelle,
Qu’il ot moult jéuné le jour ;
Por çou n’a cure de sejor :
Cort et r’acort les saus menus,
Et a tant fait qu’il est venus
Tot droit sor l’eur d’une rivière.
Lors s’en revolt aler arrière
Cius qui de tous baras est mestre,
30Quant il regarda sor senestre
Par desous l’ombre d’un carbon,
Si vit dan Pinçart le Hairon
Qui en la rivière pesçoit,
Et les poissons au bech cherçoit.
Renars le vit, la teste abaisse,
A la terre chéoir se laisse
Et se porpense qu’il fera
Et conment il l’engignera.
A soi-méisme se demente
40Por le fain qui moult le tormente.
Diex ! fait Renars, que porai faire ?
Par quell engien le porai traire ?
Se je atent tant que ci vegne,
Pour coi folement se contiegne,
Espoir je l’ poroie bien prendre ;