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V. De Renart et de Piaudoué. C’est une disputoison ou tenson entre un ménestrel nommé Renart et un clerc appelé Piaudoué. M. Raynouard[1] après avoir défini la tenson « une pièce en dialogue, dans laquelle ordinairement deux interlocuteurs défendoient tour à tour et par couplets de même mesure et en rimes semblables, leur opinion contradictoire sur diverses questions d’amour, de chevalerie, de morale, etc. », ajoute un peu plus loin (p. 188) que « la tenson n’étoit pas toujours présentée sous la forme d’une question ; elle étoit quelquefois une satire dialoguée entre deux personnages qui se faisoient mutuellement des reproches hardis et injurieux. » Renart et Piaudoué appartient à ce dernier genre ; et il faut avouer que les injures y sont débitées avec assez de talent et d’esprit pour nous faire pardonner de l’avoir publiée. Le nom et le caractère de l’un des interlocuteurs nous ont paru au reste des titres suffisants pour motiver son admission dans la famille du rusé compère d’Ysengrin.

L’idée qu’expriment les vers 167-68 a été reproduite par Villon dans son épitaphe :

Je suis François (dont ce me poise),
Né de Paris, emprés Ponthoise,
Or d’une corde d’une toise
Sçaura mon col que mon cul poise.[2]

L’auteur nous est inconnu aussi bien que les per-

  1. Choix des poésies originales des Troubadours, t. II, p. 186.
  2. C’est à M. Sainte Beuve que nous devons se rapprochement.