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Qui chaiens ont herbergement.
A mengier avons tot ensamble
Gelines tant con boin nous samble.
Si en verras jà la provende
Que tu n’en soies en doutance ;
Or te regarde, si te cline,
Si troveras une geline.
Ysengrins l’ot, si se regarde ;
Baisse le chief, vers terre esgarde ;
Si a la geline travée :
Bien sai que c’est vretés provée,
Fait Ysengrins à soi-méismes ;
Moult est li paradis saintismes
U on menjue tel viande :
Fois est qui autre char demande.
A icest mot prent la geline,
Et menjue trusqu’à l’esquine
Tous, fors les os et la plume,
C’onques n’i fist semblant ne frume.
Au puis revint sans demorée
Quant la geline ot dévorée ;
Puis li a dit : Renart bial frère,
Aies merci de ton compère :
Ensegne-moi par ta franchise
En quel manière et en quel guise
Je poroie estre en paradis.
Ce dist Renars : Je l’ te devis :
Sés-tu conme entrer i poras ?
A tôt le monde pardonras
Premièrement, ci n’a que dire,
Courous et maltalens et ire ;
Puis si auras miséricorde,