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Ains ne l’ pot tenir frains ne bride :
Cele part vint tous abrievés,
Mais à mal port sui arivés.
Sor le puis se va acouter,
Et comença à escouter
Savoir se c’est oisel u beste.
Et Renars tint droite la teste ;
Si esgarda contre la lune,
Si com le demaine fortune.
Diex ! fait se il, biaul sire père,
Es-çou Ysengrin mon conpère,
Qui s’est apoiés là-deseure ?
Que vait-il querant à ceste eure ?
C’est il ; je l’ai bien connéu :
Vif dyauble l’ont esméu,
Qui ci iluec l’ont amené ;
Certes, je l’ tienc à forsené.
A icest mot l’en apela :
Ysengrin ! estes-vous çou là ?
Par la foi que tous me devés,
Por qu’estes si matin levés ?
Parlés à moi : vous n’avés garde.
Ysengrins l’ot, si se regarde ;
Basse la teste, si orelle ;
Mais ne voit riens, si s’esmervelle ;
Garde sor destre et sor senestre.
Ha, Diex ! dist-il, pou que puet estre ?
U es-tu, va, qui me demandes ?
Je te l’ dirai se tu commandes,
Fait cius qui tout le mont afole ;
C’est Renart qui à toi parole,
Qui est en paradis terrestre,