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Je la pris dans mes bras, je l’assis sur mes genoux ; je lui versai une tasse de thé, j’y laissai tomber quelques gouttes de crème, le sucrai, puis je la lui fis boire.

— Aimes-tu cela, lui demandai-je ?

Elle fit un petit signe de tête qui ne trahissait pas l’enthousiasme. C’est bon, dit-elle, mais…

— Mais ?

— J’aime mieux le lait pur, le lait chaud, mousseux, sortant du pis de la vache.

Son indifférence pour le thé ne m’étonnait pas, j’ai toujours remarqué qu’il y avait dans la liqueur chinoise une saveur aristocratique qui n’allait pas aux palais plébéiens.

— Demain matin, tu auras du lait chaud.

Il y eut un moment de silence, pendant lequel je la regardai et pendant lequel elle sourit.

— Tu ne sais pas ce que je voudrais, dit-elle ?

— Non.