Page:Le Roman de Violette, 1870.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 39 —


m’offre la société en échange de l’esclavage qu’elle m’impose ? Le mariage avec un homme que je n’aimerai probablement pas, qui me prendra à dix-huit ans, qui me confisquera à son profit et qui me rendra malheureuse toute ma vie ? J’aime mieux rester en dehors de la société, demeurer libre de suivre ma fantaisie et d’aimer qui me plaira. Je serai la femme de la nature et non celle de la société.

Au point de vue de la société ce que nous avons fait est mal ; au point de vue de la nature, ce que nous avons fait est la satisfaction de nos désirs.

— As-tu compris ?

— Parfaitement.

— Eh bien, réfléchis toute la journée, et ce soir tu me diras si tu veux être la femme de la nature ou celle de la société.

Je sonnai ; la femme de chambre parut, Violette était dans son lit, s’était enveloppée dans ses draps, la tête seule dépassait.

Madame Léonie, lui dis-je, vous allez avoir le plus grand soin de mademoi-