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il appelait la mort le grand problême. Il a quitté le monde quand j’avais quinze ans, me laissant sans fortune et sans illusion. Je me suis faite actrice et maintenant à quoi me sert ma science ? À mépriser la plupart du temps l’œuvre que je présente, à trouver dans les drames des fautes d’histoire.

À quoi me sert une organisation intelligente.

À trouver dans les drames du cœur, des fautes de sentiments, à hausser les épaules devant l’amour propre des auteurs qui viennent me les lire ; la plupart de mes succès, je me les reproche comme de mauvaises actions, des encouragements au mauvais goût. J’ai voulu d’abord parler comme on parle, je n’ai pas fait d’effet. J’ai chanté en parlant, j’ai été applaudie. J’ai d’abord composé mes rôles sagement, poétiquement, magistralement ; on a dit, c’est bien, c’est très bien. J’ai fait de grands gestes, j’ai roulé de gros yeux, j’ai crié, et la salle a failli crouler sous les bravos. Les hommes qui me font des