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— Ne t’inquiète pas de cela. Écris.

— J’écris.

Violette prit la plume et je dictai.


Madame la comtesse,

Je comprends parfaitement qu’une existence comme celle que vous m’offrez serait le bonheur, mais je me suis trop hâtée et si ce n’est pas le bonheur, j’en ai trouvé l’ombre dans les bras de l’homme que j’aime. Pour rien au monde, je ne voudrais le quitter. Il s’en consolerait peut-être, car on dit que les hommes sont constants, mais moi, je ne m’en consolerais jamais.

Cela me fait bien de la peine de vous répondre ainsi, vous avez été si bonne pour moi que je vous aime de tout mon cœur et que si il n’y avait pas une distance sociale entre nous, je voudrais être votre amie ; mais je comprends qu’on ne veuille pas faire son amie d’une femme dont on eût volontiers fait sa maîtresse.

En tous cas, que je vous revoie ou non, je conserverai au nombre des plus douces