Le Morholt dit encore :
« Lequel d’entre vous, seigneurs cornouaillais, veut prendre mon gage ? Je lui offre une belle bataille : car, à trois jours d’ici, nous gagnerons sur des barques l’île Saint-Samson, au large de Tintagel. Là, votre chevalier et moi, nous combattrons seul à seul, et la louange d’avoir tenté la bataille rejaillira sur toute sa parenté. »
Ils se taisaient toujours, et le Morholt ressemblait au gerfaut que l’on enferme dans une cage avec de petits oiseaux : quand il y entre, tous deviennent muets.
Le Morholt parla pour la troisième fois :
« Eh bien, beaux seigneurs cornouaillais, puisque ce parti vous semble le plus noble, tirez vos enfants au sort et je les emporterai ! Mais je ne croyais pas que ce pays ne fût habité que par des serfs. »
Alors Tristan s’agenouilla aux pieds du roi Marc, et dit :
« Seigneur roi, s’il vous plaît de m’accorder ce don, je ferai la bataille. »
En vain le roi Marc voulut l’en détour-