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LE PRÉSENT.

temps, et, passant devant Georges et M. de Brennes, qui demeuraient auprès de la masure, il voulut y pénétrer.

— Il y a ici une mourante, lui dit madame André. — Julie entra dans la maison.

Arsène remit son cheval aux mains de son domestique et puis il alla s’asseoir à quelques pas, sur une pierre, le front dans ses mains.

— Il ne s’était pas égaré, dit tout bas M. de Brennes.

— Pouvez-vous le savoir ? répondit Georges. Pense-t-il comme vous et comme moi ? A-t-il une âme ? Est-il du monde des hommes ou du monde suranné des demi-dieux ? Ce n’est point un être vivant ; selon moi, c’est un camée. Jamais pourtant on n’a logé plus commodément le Sphynx qu’il ne le loge. Il porte d’ailleurs, au dedans de lui-même, un mystère insondable : c’est sa propre faiblesse. Il était peut-être parti pour oublier l’heure à laquelle madame Moreau l’attendait ! Et cependant tout le bourg assemblé ne saurait le faire reculer d’un pas. Je le connais et je le tiens pour brave. Il a même un grand courage d’ostentation. —

— Que cherchez-vous en lui si longtemps ? interrompit M. de Brennes. Ce n’est pas cette canaille qui l’épouvante, je le crois comme vous, c’est de son amour qu’il a peur.

Paul Perret.
(La suite au prochain numéro.)