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L’INDE FRANÇAISE.

lieues, de Karanguly à Arkate, et revint à Pondichéry où il fut attaqué d’une sorte de fièvre cérébrale qui le retint quatre mois inactif. On n’entendait plus parler de l’escadre, l’argent et les vivres manquaient à la fois aux troupes. Un régiment se révolta, menaçant de passer à l’ennemi si la solde n’était payée. Ses officiers réussirent à l’apaiser ; mais cet exemple d’insubordination devait être suivi. Une frégate, arrivant des îles, annonça le retour prochain du comte d’Aché. Ce dernier parut en effet à la côte, le 10 septembre. Il y rencontra les vaisseaux anglais qui lui firent éprouver de telles pertes, qu’à peine mouillé devant Pondichéry, il déclara qu’il allait regagner le Port-Louis. Cette détermination jeta toute la colonie dans le désespoir. On ne pouvait se persuader que ce chef d’escadre, absent depuis une année, voulût nous abandonner vingt-quatre heures après son retour. Lally, Bussy, Duval de Leyrit et le conseil supérieur signèrent, au nom de la nation dans l’Inde, une remontrance publique à ce sujet. Il y était dit que la défaite et la fuite de nos vaisseaux allaient être signalées jusqu’à Delhi, et, qu’outre l’opprobre dont les Français se couvriraient, notre impuissance constatée détacherait nos derniers alliés ; qu’enfin le comte d’Aché devait être averti que quitter la côte dans la situation actuelle des affaires ou signer notre perte, était un seul et même acte contre lequel l’administration, l’armée et la population protestaient de par le roi et la Compagnie. Le chef d’escadre persista dans sa résolution et appareilla en promettant de reparaître en avril.


Dans l’intervalle, et en l’absence du général en chef, deux mille Anglais et quatre mille Cipayes ayant attaqué nos avant-postes à Vandavaky, avaient été complètement battus. La nouvelle de ce succès se répandit promptement et ranima la confiance de Çalabet-Cingh. Son frère, Baçalet-Cingh, écrivit à Lally qu’il lui amenait vingt mille hommes, et demanda que Bussy favorisât la jonction des deux armées en venant à sa rencontre à la tête d’un détachement de cavalerie. Il était de la plus sérieuse importance d’accepter ces offres inattendues. Notre union avec Baçalet-Cingh nous donnait, en premier lieu, une supériorité incontestable sur les Anglais ; elle assurait la subsistance de l’armée, et privait enfin l’ennemi de toute ressource du côté de Balad-Ji-Rao, le plus puissant des chefs mahrattes, dont l’alliance était acquise au plus fort. Lally parut convaincu de tous ces avantages et