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L’INDE FRANÇAISE.

disposer des mêmes moyens d’action ; où trois cents Français assuraient notre suprématie dans le nord, où Law, avec cent cinquante Européens, se préparait à conduire cinquante mille Mongols alliés dans le Bengale tout ce que nous étions en droit d’attendre et en mesure de réaliser, tout était perdu, ou sur le point de nous échapper, parce qu’il avait plu au ministère et à la Compagnie d’envoyer dans l’Inde le seul homme, incapable et aveuglé par sa vanité puérile, qui pût précipiter notre ruine.


Le comte d’Aché prenait à tâche, pour sa part, d’entraver toutes les opérations mixtes. Revenu de sa croisière inutile sous Ceylan. il abandonna de nouveau la côte et partit pour les îles, sans tenir aucun compte des dangers auxquels il exposait la colonie. L’escadre anglaise, maîtresse de la mer, bloqua Pondichéry et interrompit pendant vingt jours toute communication avec nos comptoirs. Cependant la retraite du Tand-Jaur avait singulièrement amoindri l’autorité de Lally ; et il était à craindre que la démoralisation des troupes ne s’ensuivit. Il résolut, plutôt pour les tenir en haleine jusqu’au moment où il pourrait agir contre Madras, que pour ouvrir une campagne sérieuse, de faire le siége d’Arkate. Ce chef-lieu de l’ancienne nababie de Khanda-Çaeb n’était défendu que par deux cents cipayes et quatre cents cavaliers mahrattes. Radjah-Çaeb, qui vivait à Pondichéry depuis l’assassinat de son père, avait, en outre, des intelligences dans la place. Le chef mahratte qui y commandait offrit de se rendre, dès l’arrivée du corps assiégeant, pourvu qu’on lui payât dix mille roupies et qu’on prît sa cavalerie au service de la Compagnie. Mais il fallait enlever quatre postes très-fortifiés, Trivalur, Tirnamalet, Karang-Uly et Timery, qui tenaient les approches d’Arkate. MM. de Soupire, d’Estaing, de Crillon et Saubinet s’en emparèrent en quatre assauts simultanés, tandis que Lally, marchant au centre de ces quatre attaques, prenait possession de la ville. Bussy et Moracin vinrent l’y rejoindre. Ce qu’ils avaient prévu tous deux était déjà sur le point de se réaliser. Çalabet-Cingh, menacé, d’une part, par son frère Niçam-Ali-Khan, à qui les Anglais avaient promis sa çubahbie, et près, en dernier lieu, d’être enveloppé par cent mille cavaliers du mahratte Balad-Ji-Rao, rappelait solennellement à Bussy l’engagement qu’il avait contracté. Dût-il se présenter seul dans le Dekkan, le prestige de son nom et son influence sur les