— Josuah ! suivez cet homme, s’écria le docteur avec un accent désespéré.
La jolie milady Henri mit la tête à la portière.
Le docteur continuait :
— Ne le perdez pas de vue, au nom du ciel. Josuah ! deux guinées pour vous, si vous m’en rendez bon compte.
Josuah ne se le fit pas répéter trois fois, il courut au géant ; mais celui-ci s’était arrêté de lui même : il venait d’apercevoir milady Henri (nous l’appellerons Henriette) et il restait immobile, le cou, les bras tendus vers elle.
— À demain, docteur, je vous laisse Josuah, dit lord Henri à James en faisant signe au cocher de fouetter les chevaux.
Ceux-ci enlevèrent la voiture. Il semblait que le point d’appui du pauvre Charlie se trouvât tout entier dans cette voiture, car lorsqu’elle partit, il trébucha et faillit tomber.
— Allons, bon ! pourvu qu’il ne se casse pas quelque chose ! fit le docteur.
— C’est encore vous !… dit le géant en se redressant devant James. 11 se signa, puis il ajouta avec calme :
— Il m’est venu une autre idée. J’accepte les deux cents guinées en échange de la propriété de mon squelette à vous livrer après ma mort.
James, Josuah et Charlie rentrèrent à la taverne. Ils montèrent dans un salon particulier.
Le docteur ouvrit une petite trousse de chirurgien. On y voyait briller un scalpel, des lancettes, des aiguilles à courbes significatives, en un mot, un petit arsenal complet d’engins destinés à faire la part du feu dans les brusques invasions du mal qui assiègent notre pauvre machine humaine.
James ouvrit un portefeuille annexé à la trousse. Il en tira des bank-notes, et il compta sur une table, devant le géant, une valeur de deux cents guinées (cinq mille francs).
— Charlie, dit le docteur d’une voix solennelle, tu crois aux peines et aux récompenses de la vie éternelle ?
— Oui, répondit Charlie, en se signant.
— Sur ton salut éternel, tu prends l’engagement de ne pas quitter l’Angleterre sans ma permission ?