Cette revue de mœurs anglaises, passée à vol d’oiseau à travers leur atmosphère d’Idées Fixes, déterminera, je l’espère, le lecteur à ne pas taxer d’invraisemblance les histoires plus détaillées que je me propose de développer ici.
La première de ces histoires est celle du Petit Charlie.
Il n’est pas rare de voir, dans les annonces quotidiennes du Times, des avis de ce genre :
« Madame X*** fait savoir à monsieur K*** qu’elle se rendra à Londres le… du mois prochain, à l’heure habituelle et à l’endroit convenu. »
Les maris des dames X*** lisent régulièrement cette annonce (car en Angleterre les pages consacrées à la publicité se prennent au séribux, et tout bon Anglais les parcourt en humant son grog ou sa tasse de thé) ; les maris des dames X*** lisent cette annonce sons se douter qu’il s’agit d’eux ou plutôt de la plus belle et de la plus fragile moitié d’eux-mêmes.
Le Times va au bout du monde. Il sert de Moniteur commun entre les intérêts, les passions, les affections, les spleens, que les naturels de la Grande-Bretagne promènent volontiers d’Édimbourg à Paris, de Nice à Siam, de Carpentras à Chandernagor. Un touriste qui aimait ses amis autant qu’il détestait l’encre, les plumes et le papier à lettres, s’était arrangé avec l’office de publicité du Times, avant de s’éloigner de son pays et des siens, pour fournir à tous ceux qui s’intéresseraient à lui pendant son absence, un bulletin mensuel de sa sauté et de son