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LE PRÉSENT.

rien de plus triste et de plus plat ? Non ; l’un veut des bons mots, des bouquets d’épigrammes, des coups de langue ; le public rit, quand il voit saigner sous la plume les orgueilleux ou les puissants !

Ces attaques aux personnes, ces portraits satiriques des individus, ces croquis malins, tout cela ne mène, hélas ! pas à grand’chose. Mais quand un homme arrive, qui cingle de sa plume comme d’une lanière les préjugés, les conventions, les hypocrisies d’alcôve ou de ministères, celui-là m’enivre de joie, et je le suis avec un sauvage plaisir en riant tout le long du chemin. Eh bien ! je sais depuis cinq ans un livre né en 1844, étourdissant de verve, de finesse et d’audace. L’auteur porte un nom célèbre, quelques-uns de ses livres, un roman entre autres, ont eu une grande réputation. Son esprit est proverbial ; chose singulière ! ce qu’il a fait, selon moi, de plus fort, son chef-d’œuvre, à peine quelques gens le connaissent aujourd’hui. Je veux déterrer ce volume, couper les pages, les attacher à ma chronique, et le public les dévorera comme des fruits vers. — Le titre de l’ouvrage, — je ne veux pas le dire encore. — Le nom de l’auteur. Attendez quinze jours !

Que viens-je d’apprendre ? Toutes mes idées sur le sapeur sont ruinées, mon système est frappé au cœur î

On lit dans le Journal de l’Aisne :

Une scène déplorable (je le crois bien !) a marqué le passage à Fismes (Marne) du premier détachement du 32e de ligne qui quittait la garnison de Soissons pour se rendre à Phalsbourg (Meurthe). Un sapeur auquel, par une cruelle plaisanterie, trois musiciens, ses camarades de chambrée, avaient arraché la barbe pendant la nuit qui a précédé le départ de Fismes et pendant qu’il était plongé dans un profond sommeil, a tiré une terrible vengeance de cette insulte. U les a provoqués en duel, a tué les deux premiers et blessé très-grièvement le troisième, qui ne survivra pas sans doute à sa blessure ! Max.