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LE PRÉSENT.

négligés. Ce n’était pas, peut-être, un grand malheur, et mieux vaut faire des solécismes et des vers faux que d’ignorer l’histoire de son pays et de rester sourd au bruit des révolutions qui passent. Le choix fait par le ministre de M. Désiré Nisard indique, de la part de M. Rouland, une sagacité et un tact exquis. M. Nisard aime la jeunesse, et quoiqu’elle l’ait sifflé un jour dans sa chaire, il n’en reste pas moins l’ami de tous ceux qui ont du talent et du cœur. Sous sa direction, l’École normale sera le berceau de plus d’une renommée, et il en sortira encore des philosophes, des historiens et des ministres.

— À l’Odéon, on s’occupe activement de la Jeunesse, de M. Augier, qui sera peut-être représentée le jour même de Noël, le 25 décembre. C’est la date fixée par l’indépendance belge. Elle ajoute que madame Lacressonnière, qui remplit en ce moment le rôle d’Athènes dans le Père aux écus, a signé un engagement avec M. de La Rounat pour jouer un des principaux rôles de la pièce. En vain le Théâtre-Français a-t-il tout fait pour effacer l’impression mauvaise que M. Augier avait gardée de la séance dans laquelle il lut son’manuscrit ; en vain M. Camille Doucet, le poëte bourgeois, a-t-il été gentilhomme jusqu’au bout des ongles, en offrant de céder son tour à l’académicien et en retirant une pièce qu’il avait à l’étude, — on n’est pas plus courtois ! — c’est bien à l’Odéon que sera jouée la comédie. — Un beau titre, ma foi ! Nous verrons ce que veut dire pour M. Augier ce mot superbe de jeunesse.

À l’Ambigu-Comique, on monte le Michel Ange de M. Hugelmann. Mchel-Ange, grands dieux ! Et qui donc ose endosser ce rôle ? Quel est l’insensé qui s’attaque à cet homme ? Et M. Hugelmann, que lui fait-il dire au grand Buonarotti ? Ne craint-il pas d’être écrasé et de mourir de honte sous le poids de sa faiblesse. Michel-Ange par M. Hugelmann à l’Ambigu-Comique après Paris crinoline, féerie en quinze tableaux, par MM. Roger de Beauvoir et Xavier de Montépin ! Quelles misères !

Et dans les coulisses ? Avez-vous entendu parler de la querelle de mademoiselle Delaporte, la petite Delaporte, comme on dit souvent ? On lui enjoint d’avoir à l’avenir des costumes plus riches et des hanches plus fortes. Mademoiselle Delaporte prétend que ce n’est pas sa faute si elle est vertueuse et si elle n’a pour payer ses robes, ni un boyard en demi-solde, ni un boursier en veine. Je l’en aime dix fois plus, cètte charmante jeune fille, et je l’applaudirai à crever mes gants le jour où je la reverrai, avec ou bien sans crinoline, mise comme une princesse, ou vêtue comme une actrice honnête.

Autre chose ! Le directeur d’un théâtre de province ne s’est-il pas avisé, — le maladroit ! — de faire refuser au contrôle le rédacteur en chef du journal du pays, le Guetteur de Saint-Quentin, parce qu’il avait parlé mal d’un drame. Il avait affaire, Dieu merci, à un hômme qui, quoique jeune, n’en est pas moins un vieux routier. Il a protesté hautement, et il paye maintenant sa place. Tout le