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L’INDE FRANÇAISE.

nombreuse flotte qui ait paru dans l’Océan Oriental, et, qui, réunissant ses forces à celles de ses alliés, vient échouer au pied des murs que vous défendez. Quelle gloire pour vous, monsieur ! Déjà, la prise de Madras était due aux secours que vous aviez fournis à M. de La Bourdonnais ; déjà, votre fermeté et la justesse de vos mesures avaient sauvé nos divers établissements, ainsi quels éloges ne méritez-vous pas aujourd’hui ! » Le contrôleur général de Machault lui annonça que le roi lui accordait le titre de marquis avec la dignité de commandeur de Saint-Louis, et qu’un grade militaire, à la hauteur de son mérite et de ses services, allait lui être conféré. Dupleix dut croire qu’il lui était permis de réaliser ses véritables projets, et la guerre de 1749 fut résolue. Voici quelle était la situation politique du pays, et quels étaient les éléments d’action dont nous pouvions disposer.

Le Nizam-Ul-Muluk, maître de la péninsule et très favorable aux Français, avait nommé à la nababie d’Arkate Auçt-Ali-Khan, l’allié de Dumas. Ce nabab avait laissé un fils. Çabder-Ali-Khan, rétabli par nous dans le gouvernement de son père, et une fille mariée à Khanda-Çaeb qui, de tous les Mongols, devait être le plus dévoué à la politique de Dupleix.

Çabder-Ali-Khan ayant été assassiné, son fils fut confirmé dans l’Arkate par le Nizam-Ul-Muluk, qui confia cet enfant à la tutelle d’Anauerdi-Khan. Ce dernier avait tué son pupille et pris sa place, soutenu par les Anglais, dont il était l’agent actif. Ce meurtre et cette usurpation restèrent impunis, parce que le vieux çubah, âgé de près de cent ans, mourut à cette époque. Naçer-Cingh, son fils naturel, s’empara du Dekkan, à l’exclusion de Muçafer-Cingh, petit-fils et successeur désigné du vice-roi. Cette usurpation, fomentée et soutenue par les Anglais, leur offrait un double avantage ; ils dépouillaient ainsi, d’une part, de son pouvoir légitime, et par des mains tierces, une famille sincèrement attachée à la France, et ils se réservaient de sacrifier, en temps opportun, l’usurpateur lui-même. Khanda-Çaeb était prisonnier des Mahrattes depuis huit ans. Dupleix paya sa rançon dix-huit cent mille livres et le chargea d’offrir à Muçafer-Cingh l’alliance et le secours des Français pour conquérir sa çubahbie.

Le traité d’Aix-la-Chapelle interdisait aux deux compagnies rivales de laisser subsister les armements militaires ; mais comme les comptoirs anglais, loin de se conformer à cet article conventionnel, levaient