Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/319

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’INDE FRANÇAISE

I


Je n’entreprends point d’écrire l’histoire commerciale de nos établissements orientaux. Mon unique dessein est de m’en remettre à l’éloquence brève et nette des faits du soin de préciser le caractère politique de notre action dans l’Inde.

L’insurrection actuelle qui, tôt ou tard, devra se transformer en un soulèvement national des Mongols musulmans et des Hindous, en signalant les vices inhérents à la conquête anglaise, ajoute un intérêt plus vif au souvenir de notre grandeur et de notre décadence à la côte du Karnatik, dans le Dekkan et au Bengale. Il se donne, en effet, une leçon sanglante, bien que tardive, là où nous n’avons expié que les fautes de l’ancienne monarchie. La nation anglo-saxonne, si énergiquement douée comme race colonisatrice, toutes les fois qu’il lui a été permis d’agir dans un milieu libre, sur un fonds émané de son sein, s’est montrée sans cesse, entre tous les peuples anciens et modernes, la race antipathique et destructive par excellence. Ce n’a pas été seulement la condition de son originalité, mais en quelque sorte la loi de son existence. Elle a présenté ce spectacle incroyable d’une immense expansion vers tous les points du globe, sans que sa solitude hautaine en ait été troublée. Elle ne s’est jamais rien assimilé, elle n’a été modifiée par aucun contact, elle n’a subi aucune des exigences d’une vie désormais commune. Après avoir refoulé et dispersé les tribus de l’Amérique septentrionale qui n’ont pu être asservies, elle a vécu en dehors et au dessus des peuples hindous,