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LE SPHYNX.

— Il n’aura point vu la lettre dès en rentrant chez lui, se disait-elle. Elle s’en consola par la réflexion. — M. de Brennes ne pouvait venir que le lendemain.

XIX

Le bel Onfray donnait en ce moment, à François, le spectacle d’une gaieté factice qui amusait fort celui-ci, car il voyait bien que les grands éclats de son maître n’étaient qu’une parade. — Arsène en effet retomba bientôt dans cette demi-tristesse nébuleuse, l’état passif de son âme : mais alors il se tut.

— Il est donc dit que monsieur ne retournera plus à la Maison-Grise ? s’écria François.

— Qui peut te le faire croire ? répondit Arsène sans se fâcher.

— Et ne l’ai-je pas deviné tout à l’heure à la joie de monsieur ? fit le valet.

Le bel Onfray baissa la tête.

— Oui, dit-il. Il faudra pourtant que tu me décides à partir ?

— Nous ne partirons pas, reprit François d’une voix brève.

Son maître releva les yeux.

— Monsieur Rougé a retiré son ban ! Ah ! monsieur, j’ai triomphé pour vous !

Arsène sourit avec amertume.

— Que m’importe ta victoire ? murmura-t-il. Je n’aimais que madame Julie…

François ne put retenir un geste d’impatience.

— Dormez, monsieur, dit-il en préparant le lit de son maître ; la journée de demain sera plus rude que vous ne le pensez.

Le matin, à six heures, l’hôtesse de la Tour-d’Argent frappait à la porte d’Arsène. Elle posa près de son lit une grosse lettre qu’il regarda nonchalamment et qu’il n’ouvrit pas même ; il se rendormit. Mais lorsqu’il fut debout, vers dix heures, il se souvint par hasard du singulier message dont l’épaisseur le fit rire ! Il rompit le cachet. Les trente billets de banque s’échappèrent d’abord de l’enveloppe, et puis les renseignements de Philoche, qu’il lut avec épouvante, et enfin les deux