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LE SPHYNX
XV

Au petit Château, on s’occupait aussi du bel Onfray… En le voyant, madame du Songeux avait senti se rallumer le feu qui couvait au fond de son cœur altéré. Après le départ de madame Éléonore, elle fit tout le reste du jour des choses insensées : elle voulut écrire directement au bel Onfray, elle écrivit à M. de Brennes. Mais la première lettre, qui n’avait qu’une page, fut déchirée aussitôt. Elle cacheta la seconde, la tint longtemps entre ses mains en souriant involontairement à l’idée implacable qui la lui avait dictée ; puis, elle l’enfouit dans un tiroir à secret. Le marquis vint ; ce n’était plus un homme, c’était une bucolique ; il portait sa canne comme une houlette, et, dès en entrant, il se mit à faire aux genoux d’Anna la brûlante parapluie de son trente-unième poulet, envoyé depuis le matin.

— Dans quelques jours, lui dit Anna, j’aurai à vous parler sérieusement ; mais devant madame Éléonore taisez-vous. Elle nous épie : ne le voyez-vous pas ?

— Que puis-je donc espérer ? soupira le marquis.

— Peut-être tout, répliqua la jeune femme avec une gravité qu’elle démentit aussitôt.

Étaient-cc ses propres desseins, ses bontés pour le marquis ou sa gravité même à lui répondre, qu’elle trouvait si comique, ou bien n’était-ce que M. de Rougé ? — Elle se mit à rire aux éclats.

Julie aussi avait voulu écrire… à Georges ; elle invoquait le secours du jeune homme contre les sottises de Jean Moreau. Sa mère entra