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ROMÉO II.

Mathieu, la regardant, reconnut sa cousine, qu’on lui destinait pour femme.

Il tomba la face contre terre en s’écriant :

— Valentine ! Valentine !


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Et le lendemain de cette même nuit, Mathieu se réveilla, vers neuf heures du matin, dans son lit, à l’hôtel Christine.

La première personne qu’il vit fut le docteur Pétrus.

— Avez-vous bien dormi, mon cher amoureux ? dit ironiquement le docteur.

Mathieu ne sut que répondre ; bien qu’éveillé, il y avait encore du songe dans son esprit. Il s’aperçut que sa lampe brûlait.

— Est-ce que vous avez travaillé cette nuit ? demanda le docteur.

Mathieu ne répondit pas davantage.

— Cette feuille de papier, toute couverte de notes informes, contient sans doute le résumé de vos méditations ? Qu’avez-votis écrit là-dessus ?

Le docteur, s’étant emparé de la feuille de papier, lut ce qui suit :

Entrevue avec une momie ; j’ai causé avec Gentil-Bernard, avec don Quichotte ; j’ai vu madame de Sévigné, Sapho, Bélisaire, le cardinal de Retz et la reine Cléopâtre ; enfin, je l’ai vue, cette Juliette de Shakspeare, elle est presque aussi jolie que ma cousine !

— Pouvez-vous m’expliquer ce que signifient ces phrases entrecoupées ? Êtes-vous somnambule ?

— Je ne sais ce que je suis, reprit Mathieu, mais il me semble que je sors d’un sommeil factice, comme celui que donne l’opium. On dirait que j’ai dormi dans une atmosphère chargée de parfums de fleurs.

— C’est peut-être ce rameau d’or, placé là tout près de votre lit, qui vous aura fait mal ? Aimez-vous toujours Juliette ?