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L’INDE ANTIQUE.

siège devant Lanka, leur capitale, qu’il emporta après de longs efforts. Ravana lui-même tomba sous ses coups, et les débris du noir empire kouchite furent livrés à la dérive des vents et des courants de l’Océan. Le premier résultat des victoires de Rama fut de convertir à la civilisation et à la foi brahmanique ses rudes et fidèles alliés ; puis le cri unanime des Koçalas, te peuple de ses pères, le rappela dans Ayodhia, qui devint, sous son sceptre, la métropole de rinde pacifiée. De là ces chants de triomphe et l’apothéose du héros ; de là cet enthouatesme perpétué de siècle en siècle, et te seul national de toute l’Inde ; de là aussi une source intarissable de poésie et une des plus belles œuvres que l’antiquité nous ait transmises ; la plus belle peut-être, si on pouvait la purger des interpolations dont l’esprit de secte l’a souillée.

La seconde des épopées sanskrites, le Mahabharata, ne peut se comparer au Ramayana pour l’harmonie de la conception. C’est moins un poème inviter qu’un immense répertoire de toutes les légendes de l’Inde ancienne, groupées avec plus d’abondance que d’art autour du cycle épique de la race lunaire des Bharatides, qui régnait sur les plaines arrosées par la Yamouna (la Jumna des modernes).

Le sujet principal, qui a fourni à peine vingt-quatre mille vers sur tes deux cent mille dont se compose cette espèce d’encyclopédie mythique et héroïque, témoigne déjà de la décadence du sang et des mœurs parmi les anciennes familles arianes, et de l’affaiblissement, dans les consciences des puissants de la terre, des notions du droit et du devoir.

Pandou, roi d’Hastinapoura, ayant, à l’exemple de beaucoup de souverains des temps primitifs, quitté le trône pour la vie ascétique d’anachorète, avait confié la tutelle de ses trois fils en bas âge et la régence de son trône à son frère Dritarachtra. Ayant atteint l’âge d’homme, les trois princes, Youdhichtera, Bhima et Ardjuna, réclamèrent de leur onde une part dans l’héritage de leurs aïeux. Le détenteur du royaume voulait le garder tout entier ; il finit cependant par en céder une portion à ses neveux, avec Indraprastha pour capitale, grâce à l’intervention d’un aventurier fameux de cette époque, chef d’outlaws et fondateur de colonies lointaines, de ce Krichna, enfin, dont, bien des siècles plus tard, les Brahmanes trouvèrent bon de faire un philosophe mystique, jm chef de secte, et enfin un dieu.

Malheureusement pour les Pandavas, le jeu était alors la passion des