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POÉSIES.

Je jette en l’air un vif refrain ;
Ou, de gais pampres couronnée,
Vendangeant le raisin vermeil,
Le plus divin fruit de l’année,
Je brunis mon front au soleil.

C’est moi qui, par le vent d’automne,
Sur les arbres déjà jaunis
Retiens la feuille qui frissonne,
Cet adieu des beaux jours finis.
L’hiver, de l’âtre qui pétille
Je suis le Trilby familier,
Je viens réjouir le foyer
Et dans les flammes je babille.
Quand, au coin du feu, sans flambeau,
Une vieille tient sa quenouille,
Je lui clos les yeux, et j’embrouille
Le fil autour de son fuseau.
Mais, sitôt que les primevères
Ont étoilé l’herbe des champs,
J’enfle par des brises légères
La robe verte du printemps ;
Je nuance les fleurs nouvelles,
Sourires odorants de mai ;
Je ramène les hirondelles
Vers le nid qu’elles ont aimé.


Henri Cantel