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POÉSIES.

Elle bégaie un bruit joyeux.
À ces oisillons je murmure
Les gammes du printemps dernier,
Et je rends savante et plus pure
La voix qui naît dans leur gosier.

Toujours légère et reposée,
Folle et reprenant ma chanson,
Sans blesser le frêle gazon,
Je cours, pieds nus, dans la rosée.
Cherchant l’ivresse d’un moment,
J’entr’ouvre une rose nouvelle,
Qui, coquette et se sachant belle,
Se referme amoureusement.
Je moissonne les pâquerettes
Qui racontent les mots du cœur,
Et j’effeuille d’un doigt rêveur
La neige de leurs collerettes.
Je sais le secret de ton miel :
Je t’ai suivie, abeille blonde,
Qui parcours librement le ciel,
Laborieuse jet vagabonde.

Lorsque le soleil de midi
Brûle les chemins sans ombrage,
Je m’endors sous l’épais feuillage
Où l’air me vient tout attiédi.
Souvent je m’enfuis sur la rive
Où jase l’onde des ruisseaux ;
Là, jouant avec les roseaux,
Je baigne mes pieds dans l’eau vive.