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LE PRÉSENT.

et dans un pays où existe une caste toute militaire, les soldats ne manquaient jamais à ceux qui pouvaient les payer. »

Au milieu de ces déchirements d’empires dont des nains se disputaient les lambeaux, au milieu de ces conflits d’impuissance, un homme, qui les contemplait de l’œil du génie, devina qu’en vertu des lois qui régissent le monde, la tutelle de l’Inde revenait de droit à une des grandes nations de l’Occident : il voulut que cette nation fût la France, sa patrie.

« Cet homme était Dupleix, une des intelligences les plus hautes, les plus patriotiques de l’ancienne monarchie, et qui portait dans les comptoirs de la Compagnie française des Indes, le souffle aventureux de Law et le génie de Richelieu[1]. »

Ici se termine notre tâche ; nous avons pris la race Indo-sanskrite à son point de départ, au berceau commun de ses ancêtres et des nôtres, et nous avons déroulé le tableau de ses grandes destinées, qui n’ont jamais été sans influence sur celles du reste du monde » Nous avons dit sa brillante et féconde jeunesse, puis les égarements de son âge mûr, et enfin nous l’avons suivie de chute en chute, d’avortement en avortement, jusqu’au fond de l’abîme où l’ont précipitée les fausses spéculations de l’esprit humain, bien plus que les siècles et les révolutions ; abîme où elle râle, aujourd’hui, société décrépite, mutilée, sans homogénéité, sans souvenir distinct de son passé, sans patrie, sur la plus belle des terres qu’éclaire le soleil ; esclave dégradée de toutes les superstitions, et, dans l’atrophie de son âme, ayant à peine gardé la notion de Dieu.

Ce coup d’œil, si rapide qu’il soit, suffit pour faire juger sainement de l’insurrection qui ensanglante aujourd’hui les rives du Gange ; il mettra peut-être les esprits non prévenus à même de constater à quelles préoccupations de mauvaise foi, à quels préjugés d’ignorance obéissent les publicistes, qui, en prévision de l’alliance impossible du Koran et des Pouranas, en face de la coalition sanguinaire et mort-née des disciples de Mohammed et des sectateurs de Dourga et de Kali, osent, sans respect pour la civilisation européenne, parler de l’indépendance de l’Inde et de la nationalité indoue !  !  !

Ferdinand de Lanoye
  1. Henri Martin, Histoire de France.