Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée
147
DÉCADENCE DE L’INDE.

de ses desseins et des éléments d’organisation et de force dans cette diversité de racee, d’habitudes et de croyances qui, avant lui et depuis, n’ont constitué que désordres et que ruines. Nous avons dit comme il avait laissé aux Anglais, ses successeurs actuels, un système d’administration à imiter et un idéal à poursuivre. S’il échoua en voulant donner à l’union politique qu’il était parvenu à établir parmi ses sujets immigrés ou indigènes une sanction sacrée, un ciment religieux ; s’il ne lui fut pas donné de fondre en une vaste synthèse les éléments de tous les cultes professés dans son immense empire, l’histoire ne doit pas moins lui tenir compte de cette noble tentative et lui conserver le titre, dont les populations du Rajahstan, vaincues par ses armes, mais domptées par sa douceur et par sa justice ont honoré sa mémoire : le titre sacré de tuteur de l’humanité.

Si quelque chose pouvait justifier l’accouplement monstrueux du Musulman et de l’Indou dans tas rangs de l’insurrection actuelle ; s’il pouvait y avoir entre ces deux éléments hétérogènes un trait d’union, up souvenir tenant heu de drapeau commun, ce serait ta mémoire d’Akbar.

À la mort de ce grand homme, son fils prit le nom de Mohammed Djehan-Guir (conquérant du monde). En dépit de ce magnifique surnom, le successeur d’Akbar se laissa gouverner despotiquement par une femme et n’a guère laissé, parmi les générations qui occupent aujourd’hui son empire, que le souvenir de ses amours avec la belle Nour-Mahal, histoire dont les détails rappellent identiquement ceux de la légende biblique du roi David, d’Uriah et de Betsabé. Heureusement l’impulsion puissante donnée par le génie d’Akbar lui avait survécu et dirigea souvent, sous son faible successeur, ministres et généraux et jusqu’à Nour-Mahal elle-même.

De tous les successeurs d’Akbar, aucun ne marcha si franchement dans sa voie que Schah-Djehan, son petit-fils. Inférieur à son aïeul, comme conquérant et législateur, il l’égale presque comme administrateur. Sous lui l’empire atteignit son plus haut degré de prospérité. Secondé dans ses vues par Saad-Oultab-Khan, ministre intègre et dévoué, Schah-Djehan, travailla surtout à améliorer la condition des classes agricoles et industrielles. Les travaux d’utilité publique, les canaux, les voies de transports, les bassins d’irrigation se multiplièrent sous son règne et fécondèrent les richesses publiques. Enfin les arts lui