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LE PRÉSENT.

« Je résolus de l’entreprendre et de m’emparer de l’empire de l’Inde. Je l’ai fait[1]. »

Il ne fut pourtant pas donné à Timour, pas plus qu’à aucun de ses émules en renommée, de fonder un empire durable. Les trônes taillés pars a sanglante épée s’écroulèrent à sa mort, et une foule de compétiteurs s’en disputèrent les débris à Samarkande comme à Delhi ; et cet état d’anarchie se prolongea jusqu’au moment où Babeur, arrière-petit-fils de Timour, vint y mettre un terme au bout d’un siècle.

Né en 1483, Babeur avait onze ans lorsque la mort de son père, Orner, schcik ou sultan du Ferganah, lui transmit un pouvoir mal assis, un sceptre fort peu obéi. Il consolida l’un et l’autre à un âge où ses pareils de l’Occident ne s’occupent guère que de jouets et de plaisirs. À dix-sept ans (1500-1501) il se rendit maître de Samarkande ; quatre ans après il s’établit dans le Candahar, et en 1508 dans le Caboulistan, rêvant déjà la conquête de l’Inde. Toutefois, ce ne fut que le 16 décembre 1525 qu’il franchit l’indus à la tête de dix mille cavaliers d’élite et marcha contre Ibrahim Lody, sultan de Delhi.

Il ne rencontra dans tout le Pundjaub aucune résistance, et, pour augmenter dans les troupes indigènes la terreur de ses armes, il fit, en vrai descendant de Timour, massacrer tous les prisonniers que ramassèrent ses coureurs. Le 27 avril 1526, il campait dans la célèbre plaine de Panniput, où tant de fois déjà, où tant de fois depuis lui, se sont jouées les destinées de l’Inde. Ibrahim vint l’y attaquer avec cent mille hommes et mille éléphants ; plein de confiance, il espérait écraser la petite armée des envahisseurs sous la seule masse de ses troupes. Elles ne tinrent pas une heure devant les charges brûlantes des cavaliers de Babeur, devant les détonations de son artillerie, amarrée de manière à défier le choc des éléphants. Le malheureux Ibrahim, meilleur soldat que général trouva la mort en combattant ; quelques jours après Babeur s’installa à Delhi ; le même mois Agra lui ouvrit ses portes : h monarchie Mogole était fondée.

Cet ethnique, emprunté aux steppes du nord de l’empire chinois, est, appliqué à l’empire des babeurides, une des nombreuses erreurs que l’histoire a consacrées. Mais les apparitions successives des terribles armées de Tchingis et de Timour avaient empreint des sou-

  1. Mémoires de Timour.