Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée
143
DÉCADENCE DE L’INDE.

cette vieille terre l’ère sanglante des invasions, en offrant comme un trophée expiatoire, à l’une des capitales de l’Inde, la masse d’armes du conquérant et les portes de son tombeau, les Anglais ont pu croire opérer une œuvre politique, ils ont pu espérer que les cipahis comprendraient que l’Inde tressaillirait à la pensée de ses vieilles injures expiées… l’Inde est restée froide et muette ; les cipahis n’ont pas compris.

Mahmoud mort, les routes de l’Inde restèrent ouvertes aux hordes de l’Ouest et du Nord, et pendant deux siècles, Tartares, Afghans et Persans, tous ceux qui se disputaient les débris de l’empire du Ghasnévlde, suivirent aussi, mais sans gloire, ses traces sur la terre du Soleil. Puis vint un moment où une terreur commune parut s’appesantir sur les oppresseurs comme sur les opprimés, et où tous les bruits de guerre se turent devant les formidables clameurs poussées au fond de l’Asie par le soulèvement de toutes les hordes nomades du Septentrion coalisées sous Tchengis-Khan,

En peu d’années maître de la Chine, il apparut dans la Transoxiane, menaçant à la fois l’Inde et la Perse, et lançant ses bandes sauvages des bords de la mer Jaune à ceux de la Baltique.

Il mourut avant d’avoir passé l’Indus (en 1227) ; mais un de ses fils franchit ce fleuve, et pendant près de deux siècles l’Hindoustan ne cessa de trembler au galop de ces hideux cavaliers des steppes, qui voulaient mettre la face entière de la terre en pâturages.

En 1398, un autre fléau de Dieu, Timour-Khan, plus connu dans l’Occident sous le nom de Tamerlan, après avoir créé à Samarkande un empire qui s’étendait sur les deux versants des Bolors et de l’Indo-Koh, tourna ses armes contre l’Inde ; la manière concise dont il a lui-même rendu compte, dans ses Mémoires, de cette expédition, équivaut en laconisme au veni, vidi, vici de Jules César.

« Ayant envoyé en éclaireurs, sur la route de l’Hindoustan, mille chameaux rapides, mille chevaux légers et mille fantassins d’élite, chargés de me rapporter des nouvelles de cette contrée, j’appris que ses princes étaient divisés de buts et d’intérêts ; que Mahmoud à Delhi, Mulloo à Lahore, et Samiing à Moultan, n’étaient occupés qu’à se nuire mutuellement. Alors la conquête de leurs États me sembla facile, bien qu’elle parût fort dangereuse à mes soldats.