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LE PRÉSENT.

tion de beaux édifices de marbre dont les riches matériaux Matant le moindre mérite. En rendant compte aux notables de Ghusni de la prise de Muttrah, il leur écrivit qu’il avait trouvé dans cette antique cité mille palais de marbre, des temples innombrables qui s’élevaient jusqu’au ciel, et que cent mille pièces d’or, dépensées annuellement pendant deux siècles ne suffiraient pas pour édifier une ville semblable. Le butin qu’il en remporta fut encore plus grand que celui qu’il avait ravi au temple de Nagarcot et ne fut surpassé que par celui qu’il enleva dans une autre expédition, au temple de Sommat, le lieu de pèlerinage alors le plus célèbre de l’Inde.

On ne saurait calculer ce que le concours des siècles, des relations commerciales et d’une civilisation raffinée jusque dans ses épuisements, avait entassé de richesses dans l’Inde avant l’ère des invasions. Si des faits bien connus, si, entre mille autres, le butin enlevé de Delhi par Nadir-Schah ne confirmait les énumérations fournies par les écrivains musulmans, on serait tenté de traiter ces énumérations de fables. Celles qu’ont faites, en d’autres temps, les compagnons de Cortex et de Pizarre des trésors du Mexique et du Pérou ne les ont point dépassées.

Mahmoud mourût à soixante-quatre ans, après avoir conquis sur l’Inde le Kachmyr, le Punjaub, le Sind, le Goudjerat et cette portion de l’Indoustan qui forme aujourd’hui la présidence d’Agra. Il fut enterré dans un magnifique tombeau au sein de sa ville de Ghusni qu’il avait parée des dépouilles des nations, qu’il avait peuplée de savants, de littérateurs et d’artistes, et qu’à son exemple, ses grands et ses compagnons d’armes avaient embellie de palais de marbre, de fontaines jaillissantes et d’arcs triomphaux.

À part les œuvres de Ferdouzi qu’il inspira, que reste-t-il aujourd’hui de Mahmoud le Gasnévide ? Son empire ne lui a pas survécu, ses conquêtes échappèrent une à une à ses héritiers ; ses trésors, entachés de tant de sang, attirèrent à leur tour sur ces peuples le fléau des invasions et devinrent la proie de pillards qui ne le valaient pas. Restait son tombeau, respecté depuis huit cents ans, lorsque les hasards de la guerre amenèrent à Ghusni des soldats indous guidés par des chefs européens (1842). En abandonnant à la fureur de leurs cipahis les magnifiques restes de cette cité, en frisant profaner par eux la sépulture du premier conquérant de l’Inde, de celui qui avait ouvert sur